La Santé publique met en garde les parents et coiffeurs qui utilisent un shampoing pour chiens dans le traitement des poux chez les enfants.

L'avis diffusé par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pointe du doigt le Hartz Ultra Guard. Le produit a été utilisé par des professionnels de la coiffure pour traiter les poux. Des parents l'auraient aussi utilisé pour leurs enfants.

Or, il doit normalement servir à traiter les tiques, puces et poux des animaux.

PHOTO : Le traitement des poux ne devrait jamais se faire avec un produit autre que ceux homologués pour les humains.
© Agence QMI

On craint notamment que l'utilisation de ce shampoing pour animaux à large échelle ne provoque une résistance des poux. «La concentration de l'ingrédient actif contre les poux est moins grande que dans le produit pour l'humain. Les poux pourraient devenir résistants et le traitement normal devenir inefficace», explique le pharmacien-toxicologue Pierre-André Dubé.

Toxicité

C'est le signalement d'un médecin actif en santé publique en région qui a soulevé le questionnement en février dernier. Des infirmières scolaires auraient rapporté plusieurs cas d'enfants ayant été traités avec le Hartz Ultra Guard.

On s'est donc intéressé à la toxicité que le produit pouvait avoir pour l'être humain. Ce qu'on a découvert, c'est que le principal ingrédient actif est un insecticide qui n'a pas été testé chez l'humain. On ignore les conséquences exactes que le shampoing peut avoir.

«Ce produit-là n'a jamais été utilisé chez l'humain. Ce qu'on sait, c'est qu'on a rapporté des convulsions chez le chien si on ne l'utilise pas comme il faut», soutient le spécialiste de l'INSPQ.

L'ingrédient actif est également considéré comme cancérigène pour l'humain. «Est-ce qu'on devrait l'utiliser alors qu'il n'y a pas d'études sur le risque de la santé? On trouve ça dangereux.»

Prévention

Comme la rentrée est souvent synonyme d'éclosion de poux dans les écoles, l'INSPQ profite de la rentrée pour sensibiliser les professionnels et les parents.

Il recommande également à ceux qui travaillent dans les animaleries de ne pas vendre le produit si c'est pour un usage autre que pour les animaux.

«C'est un message de prévention. L'utilisation du shampoing s'est faite par bouche à oreille et il ne faut plus que ça se produise.»

Pourquoi les gens se tournent-ils vers ce shampoing plutôt que le traitement traditionnel ? «Il y en a qui pensent que c'est moins dispendieux, mais ce qu'ils oublient c'est que les produits pour les poux de tête sont couverts par la RAMQ s'ils sont prescrits», rappelle Pierre-André Dubé.

De plus, dans certains cas, les infirmières scolaires ont une ordonnance qui leur permet de prescrire le médicament.
ÉRIC YVAN LEMAY

* Selon Pierre-André Dubé, on observe de plus en plus de cas de résistance au traitement de la pédiculose du cuir chevelu.