Pierre-Olivier Fortin
Le Soleil
(Québec) Pas moins de 45 000 enfants ont été mordus par des chiens au Québec ces 12 derniers mois, selon un sondage réalisé récemment pour le compte de l'Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ). Un chiffre alarmiste, mais que l'organisme s'empresse de nuancer. «On considère que théoriquement, toutes ces morsures auraient pu être évitées», insiste son directeur général, le Dr Michel Pepin.
PHOTO : Potentiellement, toutes les races de chiens peuvent mordre, rappelle le Dr Michel Pépin, directeur général de l'Association des médecins vétérinaires du Québec. En juin, ce Husky avait tué un bébé de 21 jours.
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«Même si nous déplorons chacune des morsures et sympathisons de tout coeur avec les victimes et leurs familles, nous tenons à rappeler qu'il est dangereux de rejeter à tout coup le blâme sur les chiens. Le nombre de cas de morsures totalement gratuites est extrêmement rare», ajoute-t-on dans le communiqué.
Le Dr Pepin évoque plusieurs situations où il faut éviter le chien pour s'épargner une morsure : lorsqu'il poursuit une proie, quand il défend son territoire, quand il ressent de la douleur [qui affecte la patience de l'animal], lorsqu'il protège ses bébés, quand un chien non castré est attiré par une femelle, etc.
En général, les chiens essaient d'éviter la confrontation et donnent plusieurs avertissements avant de mordre. Il faut «bien connaître le comportement du chien : comment il réfléchit, comment il pense, comment il réagit dans certaines circonstances. Il faut être capable de décoder son langage corporel et comprendre ce que le chien essaie de nous dire. Le chien va démontrer lui-même des signes qui permettent de deviner [qu'il peut mordre] : les oreilles rabattues sur la tête, la queue courbée entre les jambes, les poils hérissés sur le dessus du dos. [Il va éventuellement] grogner, retrousser les babines, japper et montrer les dents», explique le Dr Pepin.
Il ne faut jamais négliger les démonstrations d'agression chez un chien, poursuit le vétérinaire, peu importe la race ou l'âge. Potentiellement, toutes les races peuvent mordre.
Même le petit Shih Tzu familial qu'on cajole à tour de rôle. «On voit cela assez souvent, [des familles] qui veulent un animal et qui le traitent comme un enfant roi. Ils vont le nourrir à la main, lui permettre de coucher sur les lits... Le chien exige [beaucoup de choses de la part] des humains et les humains vont lui répondre. [Après], on ne peut pas ramener le chien [gâté] à son simple état de chien», dit le Dr Pepin. Ce genre de situation peut favoriser l'agressivité.
L'importance de socialiser
Pour mettre toutes les chances de son côté, il est important, souligne-t-il, d'éviter les adoptions coup de coeur et de bien connaître les antécédents de son chien. Il importe aussi de faire «socialiser» l'animal à l'âge de deux à quatre mois. «S'il rencontre un enfant pour la première fois à l'âge de huit mois, il va être craintif», dit-il. Selon lui, «l'examen le plus important pour un chien, ce n'est pas celui après l'adoption, c'est celui avant de l'acheter».
Environ 23 % des familles québécoises ont un chien. La population canine s'élèverait donc à 900 000 individus dans la province. Environ la moitié des 164 000 morsures (adultes compris) ont été causées par le chien de la famille, mais cette proportion chute à 38 % chez les enfants, selon le même sondage.
Le sondage a été réalisé par Léger Marketing pour le compte de l'AMVQ avec le support de CDMV inc. et de Hill's Pet auprès de 1051 personnes au Québec entre le 14 et le 16 juin 2010. Les données ont été pondérées et extrapolées d'après les chiffres de Statistique Canada.