WASHINGTON (AP) — Déjà, ils ont la truffe écrasée. Mais en plus, c'est dangereux pour leur santé... Selon de nouveaux chiffres, les races de chiens brachycéphales (à museau écrasé), bouledogues, boxers et autres carlins risquent plus de mourir lors d'un voyage en avion que leurs congénères.

Depuis mai 2005, date à laquelle les compagnies aériennes américaines ont commencé à devoir enregistrer ce type de décès, au moins 122 chiens de 108 races différentes sont morts en vol, alors qu'ils voyageaient en soute à bagages.

Sur ce chiffre total, la moitié étaient de races brachycéphales, selon les dernières statistiques diffusées par le ministère américain des Transports.

Les bouledogues anglais arrivent en tête, avec 25 décès, soit le chiffre le plus élevé, toutes races confondues. Suivent les carlins (11), puis les golden retrievers et labradors (sept chacun), les bouledogues français (six), les terriers américains du Staffordshire (quatre). Boxers, pékinois et loulous de Poméranie comptabilisent deux décès par race.

D'où la recommandation du ministère des Transports: les propriétaires doivent absolument consulter leur vétérinaire avant de faire prendre l'avion à leur chien.

Les chiens brachycéphales ont le crâne configuré d'une manière qui affecte leurs voies respiratoires, explique Dan Bandy, président de la commission santé du Club américain des bouledogues.

"Tous les chiens se rafraîchissent de la même manière, par la respiration, soit en haletant, soit en respirant fort, ce qui est une manière de faire circuler l'air chaud", précise-t-il.

"Un chien qui a un long nez a une plus grande surface de cavité nasale permettant à cet air chaud de circuler. C'est pourquoi les races de chiens à grand museau ont un meilleur système de refroidissement".

Quant aux races brachycéphales, elles ont en général tendance à être intolérantes à la chaleur. La structure de leur museau étant compressée, cela peut bloquer leurs voies respiratoires et les mettre en danger de mort dans l'atmosphère raréfiée d'un avion.

Sonny Seiler, maître du bouledogue Uga, mascotte de l'Université de Géorgie à Savannah, en sait quelque chose... Uga est la septième génération de bouledogues mascottes de l'équipe de football américain de l'Université. Ces chiens sont appelés à passer leur vie sur les routes, ne quittant pas leur équipe d'une semelle.

Du coup, chaque Uga, quand il atteint l'âge d'un an, passe sur le billard de l'école vétérinaire pour se faire élargir les voies aériennes. Les chirurgiens "vont dans les naseaux, découpent des muscles et tissus. En gros, ils élargissent", explique Sonny Seiler. "C'est une intervention rapide et après, ça élimine vraiment de nombreux problèmes liés à la respiration".

Uga est donc un habitué de l'avion. "Il accompagne l'équipe" lors de ses rencontres à l'extérieur, parfois dans le petit avion privé de l'Université ou sur des lignes régulières. Il voyage parfois en cabine, parfois en soute.

Pour Dan Bandy, il y a un autre facteur aggravant à prendre l'avion: les chiens risquent aussi de trop haleter en soute, le halètement lié au stress et à l'excitation venant se rajouter à celui lié à l'abaissement de la température corporelle.

Il dit avoir voyagé par avion sans encombre à deux reprises avec des bouledogues, un chiot et un adulte. Mais il recommande d'éviter tout trajet en soute aux animaux pendant la saison chaude, et appelle les propriétaires à bien s'assurer de ce que la température en soute est contrôlée. En outre, tout chien qui devient facilement stressé ou qui n'est pas bien socialisé devrait éviter l'avion.

En outre, conclut-il, aucun médicament tranquillisant ne doit être donné au chien avant de prendre l'avion: les compagnies aériennes s'y opposent et un chien sous sédatifs sera moins à même de gérer son propre processus de contrôle de sa température corporelle, ajoute Dan Bandy. AP

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