Capturée au Tessin après avoir sauvagement attaqué un cerf au bord du lac de Lugano avec deux autres chiens vagabonds, une chienne a été réunie avec son chiot. Unique survivant de la portée, le petit a été retrouvé affamé et blessé dans une ferme isolée en Italie, non loin de la frontière suisse.
Affamé, épuisé et blessé, le chiot tète les mamelles sans relâche. Il est l’unique survivant de sa portée. Le seul à avoir été retrouvé, vendredi, par les gardes-chasse italiens dans une ferme isolée du Monte Caprino; puis rapatrié d’urgence à la frontière suisse, toute proche. Direction les locaux de la société protectrice des animaux de Bellinzone (TI).
C’est là que sa mère est retenue depuis quelques jours pour avoir sauvagement attaqué, avec deux autres chiens vagabonds, un cerf au bord du lac de Lugano.
Une scène terrible
Tout commence mercredi après-midi. Il est 15 heures. Les passagers d’un bateau de la compagnie de navigation du lac de Lugano aperçoivent un animal qui se débat proche des rives de Gandria. C’est un grand cerf, debout dans l’eau, qui tente de se défaire des crocs de trois chiens.
Les spectateurs n’en reviennent pas. La scène est terrible. L’animal lutte pour sa survie. Alors que l’un de ses assaillants cherche à le mordre dans le dos, l’ongulé le blesse avec ses bois à la bouche.
Effaré, un membre de l’équipage prévient ses supérieurs. «L’un de nos employés m’a appelé pour me dire qu’il fallait vite prévenir le garde-faune, car un cerf était en train de se faire dévorer par des chiens sous les yeux des touristes», raconte Antonio De Dominicis, chef de service de la compagnie.
Les gardes-chasse et la police du lac interviennent alors rapidement à bord de vedettes. Les trois chiens sont capturés et remis à la société protectrice des animaux (SPA). Quant au cerf, il parvient miraculeusement à s’en sortir et à regagner sa montagne.
Course contre la montre
A Bellinzone, la SPA découvre que le trio est composé d’un mâle et de deux femelles, tous mal nourris. Ces dernières – issues d’un croisement avec un berger allemand pour l’une et un berger de Bergame pour l’autre – ont mis bas récemment.
«Elles avaient beaucoup de lait, explique Armando Besomi, président de la SPA à Bellinzone. Soit il fallait retrouver les chiots, soit arrêter la production de lait, sans quoi les mamelles se seraient infectées.» S’engage alors une course contre la montre.
Les gardes-chasse tessinois connaissent les trois chiens. Ils savent qu’ils rôdent dans la région depuis plusieurs mois. Car ils ont déjà tué du gibier. «Deux fois des témoins les ont vus attaquer un chamois, puis un chevreuil, explique Claudio Mondelli, garde-chasse. Nous suspections qu’ils venaient de la région du Monte Caprino et qu’ils se déplaçaient entre Lugano et l’Italie. Mais nous n’avions jamais réussi à les voir.»
Blessures à la tête
Grâce à la collaboration avec les autorités italiennes, une ferme isolée est repérée. Le fait qu’il s’agit de chiens de berger les a mis sur la piste. La ferme appartient à un paysan décédé, dont le bétail a été vendu. Son frère, âgé, ne peut plus s’occuper des chiens. Commencent alors leur errance et la chasse pour faire vivre la petite troupe.
«Dans la ferme, les gardes-chasse italiens n’ont retrouvé qu’un seul chiot vivant sur deux portées, regrette Armando Besomi. Les autres chiots ont semble-t-il été tués et mangés par des corbeaux.»
Une fois ramené à Bellinzone, le chiot, une femelle, a été soigné pour des blessures à la tête, puis présenté aux deux chiennes. L’une s’approche, avant de s’en éloigner aussitôt. «L’autre a léché la petite, décrit Armando Besomi. Ils ont été isolés pour qu’elle puisse téter. Nous l’avons appelée «Insubrica.»